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Vers la Caspienne, de Qazvin à Noshahr

Le 19 septembre 2016

Lundi 12 septembre, nous voilà partis pour le Nord du pays. Nous prenons un taxi vers la place Azadi ( Place de la Révolution) d’où partent les bus pour Qazvin. Nous en trouvons un facilement grâce à un garçon qui parle anglais. En fin d’après-midi, nous arrivons à Qazvin. La gare est assez proche du centre-ville, nous décidons donc de marcher pour éviter une énième discussion avec un chauffeur de taxi.

 

Nous trouvons un hôtel dans le centre-ville et partons à la recherche d’un restaurant à la tombée de la nuit. Comme dans toutes les villes du pays, les rues sont très animées en soirée. Nous tombons finalement sur le bazar. Les boutiques sont fermées à cette heure mais les ruelles, entièrement rénovées, sont vraiment charmantes.

Ce bazar, à la différence de ceux que nous avons vus jusqu’à présent, contient de nombreuses petites places, avec des arbres… Nous trouvons un petit restaurant autour d’une de ces placettes. Personne ne parle anglais, mais grâce à la bonne volonté des serveurs nous goûtons des plats typiques hyper bons.

Matthieu dans le bazaar de Qazvin

Le lendemain matin, nous décidons de partir à la recherche de l’office de tourisme. Nous voulons savoir comment rejoindre la vallée de l’Alamut pour faire une rando de quelques jours qui devrait nous conduire sur les bords de la Mer Caspienne. Très vite, nous comprenons que c’est un énorme business… La personne chargée de l’accueil (qui parle à peine anglais) ne veut pas nous indiquer où se trouve la gare routière pour y aller. Elle se contente de nous dire « taxi, taxi »… Bref, c’est un échec. Nous comprenons qu’une nouvelle fois, les touristes sont là pour se faire avoir. Ce sera sans nous. Nous changeons nos plans et décidons d’aller vers la ville voisine, Rasht. De là, nous pourrons prendre un bus pour aller sur les bords de la mer.

 

Nous voilà donc partis pour Rasht, où nous arrivons en fin de journée. Un étudiant qui nous croisons dans le centre-ville, nous conduit jusqu’à un petit hôtel indiqué dans le guide. Niveau propreté ce n’est pas vraiment ça, mais au moins ce n’est pas trop cher.
Nous découvrons encore une fois une ville très animée à la nuit tombée… Avec son bazar bondé!

Petit aperçu du bazar de Rasht

Mercredi, nous envisageons de partir vers Massouleh, un petit village à quelques kilomètres de Rasht. Mais encore une fois (on vous épargne les détails), le prix est exorbitant pour nous. Nous décidons donc d’annuler la visite (certainement que nous manquons quelque chose). Nous passons la journée à flâner dans la ville que nous trouvons très agréable.

Jeudi, il est temps de quitter Rasht… Direction Ramsar, une ville proche de la mer Caspienne. On sent la galère arriver pour trouver la station de bus qui va dans cette direction. Mais heureusement, un local qui parle anglais (c’est rare dans le Nord) nous trouve un taxi (au prix local) pour aller jusqu’à la station de bus. Pour la première fois, on prend un vrai bus local…

Notre bus et son chauffeur

A l’arrivée à Ramsar, nouvelle cession galère. Les hôtels indiqués dans le guide s’avèrent être hors de prix… Mais heureusement, à l’entrée du dernier établissement, on rencontre Juan, notre sauveur. Ce tchèque nous indique une rue où se trouvent plusieurs hôtels à des prix raisonnables. Merci!!! La ville n’a rien de spécial, et nous avons une nouvelle fois du mal à trouver des infos pour la suite de notre boucle. Peu importe, on décide qu’on se prendra la tête le lendemain… Ce soir, on se pose sur une terrasse… Juan et son ami Stephen ont choisi la même adresse, nous passons la soirée avec ses deux amis qui ont plein de souvenirs de voyage à partager.

 

Matthieu et Audrey autour de Stephen et Juan

Vendredi matin, comme prévu, c’est l’inconnu pour aller vers Noshahr… Un groupe de jeune filles tente de nous aider mais elles ne parlent pas un mot d’anglais. Nous trouvons finalement un premier taxi qui nous amène à l’arrêt d’où partent les taxis partagés pour Noshahr. Bref, après deux heures de route et 3 taxis différents (qu’il a fallu encore une fois négocié fermement) nous arrivons à Noshahr. Là encore, négociation pour l’hôtel: de 46€ au départ on arrive à avoir notre chambre pour 24€.
Nous prenons le temps de nous poser dans la chambre, qui a un semblant de Wi-Fi, pour finaliser la location de notre voiture en Afrique du Sud (parce qu’on dirait pas comme ça, mais ça approche).
Après ça, nous partons nous balader dans la ville et vers la plage. Il y a très peu de monde dans l’eau: surtout des enfants et quelques hommes.

Dans la soirée, nous décidons de partir à la recherche du restaurant que nous a indiqué Sepide, l’amie de Mohammad. Nous y arrivons sans trop de difficulté, mais toute la carte est en farsi et personne ne parle anglais. La serveuse appelle quelqu’un pour que je puisse passer commande… C’est un succès!  A la fin du repas, une jeune fille qui parle un anglais impeccable vient nous demander si tout s’est bien passé et nous propose de prendre un thé sur la terrasse du restaurant. Nous y retrouvons un nouveau Mohammad qui s’avère être le patron du restaurant… et c’est lui que j’ai eu au téléphone quelques instants plus tôt. Il propose de nous amener faire un tour dans les montagnes, pour voir la ville d’en haut… C’est parti!! Avant ça, il nous conduit à la gare pour prendre nos billets pour Téhéran le lendemain, départ prévu à minuit et demi.

Une famille sur la plage de Rasht

Revenons à cette soirée… Nous voilà donc partis dans ce qu’ils appellent la « jungle », une forêt gigantesque et très foisonnante qui domine la ville. On croise quelques cochons sauvages, ce qui fait beaucoup rire Mohammad et Sepide (son amie qui parle anglais) puisque les musulmans ont horreur de cet animal. Ils sont bien loin des préoccupations religieuses puisque Mohammad a prévu une petite bouteille à déguster dans la forêt. En rentrant vers la ville, il décide de s’arrêter dans ce qu’il appelle un « disco muslim ». Traduction, un endroit où les gens se retrouvent autour d’un thé et d’une chicha pour écouter un chanteur, ils ont le droit de taper dans les mains mais interdiction de danser. C’est un concept… mais surtout une expérience inoubliable.
Malheureusement, photo interdite, donc les souvenirs resteront dans la tête.

Samedi, Mohammad a décidé de passer la journée avec nous avant notre départ le soir. Il vient nous chercher à notre hôtel avec son amie. Direction son restaurant où il nous fait gouter les meilleurs plats de sa carte.

Matthieu avec Sepide et Mohammad... et tous les plats!

Il nous apprend qu’il compte nous amener à un mariage le soir-même. On est un peu catastrophé: on n’a que des vêtements de rando, même pas un tee-shirt potable. « Don’t worry » nous dit-il, c’est la soeur de son meilleur ami, c’est comme la famille, il n’y a aucun souci.
Mais avant ça, ce garçon de 38 ans a décidé de nous montrer un maximum de choses. Nous partons d’abord dans sa villa, où avec Matt il fait une partie de billard. Il ne me propose pas certainement parce qu’en Iran les femmes n’ont pas le droit d’y jouer (en même temps, ça tombe bien, je suis complètement nulle à ce jeu).
Ensuite, nous passons prendre des amis à lui pour aller dans leur propre villa qui se trouve au bord de la mer. Forcément Matt ne peut pas résister, il s’offre son premier (et certainement dernier) bain dans la mer Caspienne. Et puis c’est l’heure de se préparer pour le mariage. La pluie commence à tomber, génial en plus d’être mal habillés nous allons être trempés… Mohammad nous laisse nous « préparer » dans sa villa pendant qu’il va se changer dans son appartement. Et enfin, le moment fatidique arrive: nous débarquons dans un mariage iranien.

J’apprends dans la voiture que les hommes et les femmes sont séparés, l’angoisse commence à monter pour moi. Heureusement en arrivant, je reste avec les hommes qui sont à l’abri à l’extérieur. Avant de passer table, nous découvrons une tradition dont on se serait bien passé: la présentation aux mariés, devant toute l’assemblée qui prend des photos. Plus mal à l’aise que nous, je pense qu’on ne fait pas.

Dans nos tenues de gala et Mohammad qui nous escorte

Puis vient le moment du diner, et cette fois ça y est… Je dois quitter les garçons. Heureusement Mohammad me confie à l’une de ses amies qui parle anglais. Je rencontre en fait les femmes de tous les hommes qui étaient à l’extérieur. Et tout se passe très bien, l’hospitalité et la gentillesse iraniennes ne sont vraiment pas des légendes.

Dans l’euphorie de la soirée, nous devons nous éclipser. Notre bus part à minuit et demi. Ses 24 heures avec Mohammad ont été intenses et surtout inoubliables. Nous espérons qu’il pourra venir un jour nous rendre visite en France, il nous le promet. Mais nous savons les uns et les autres que le régime impose d’énormes conditions aux Iraniens pour partir à l’étranger. Malgré tout nous y croyons, parce que vraiment cette rencontre a été magique!

Mais très vite, c’est le retour à la réalité: 5 heures de bus de nuit (toujours aussi confortable) nous attendent.

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